presque nu.es
Inscrite dans le collectif Presque Nous (réunissant des artistes des Ateliers Intermédiaires et du Bazarnaom), pendant quatre ans, et résidant sur la Presqu’île de Caen, j’ai orienté mon travail de recherche sur la présence d’une prostitution spécifique à ce territoire se faisant dans des camions, avec un grand nombre de ces femmes qui sont en attente d’un titre de séjour. Étant dans une précarité extrême, elles se prostituent pour survivre. Il s’agit d’éxposer une situation d’urgence et de danger de ces femmes sans papier, sans statut, mais bien repérées et exploitées comme une marchandise sexuelle.
©cendresdelort
J’ai récupéré ce camion en arrêt d’activité, comme suspendue. C’est ainsi que jour après jour, j’ai photographié toutes les traces de ce véhicule, puis des autres présents sur la Presqu’île, comme des fragments de paysages humains. Ce collectage est pour l’instant un état des lieux sur leur condition de vie.
Ce camion a accueilli de multiples traces : entretiens, court-métrage, cartographie, photographies, objets…
Il s’agit à présent de construire une narration sonore et visuelle sur la place de ces femmes dans l’espace public.
Création en cours…
©cendresdelort
les baigneuses de la Presqu'île
Je suis inscrite depuis 2019 sur la Presqu’île de Caen, à un moment inattendu de notre Histoire, celle de la crise sanitaire, avec le Collectif Bazarnaom dans lequel je suis engagée depuis 20 ans.
Artistes non essentiels, précaires isolé.es, impossible d’esquiver !
Retrouver du sens dans nos pratiques, les miennes sont multiples et transversales.
Appréhender ce territoire dans sa grandeur sauvage : une friche-industrialo-portuaire de 600 hectares, occupé par des habitant.es non recensé.es.
Face à l’adversité, créer du lien sur la Presqu’île, se rencontrer, se rassembler…
Se fondre dans ce paysage, en pleine transition urbaine où les enjeux fonciers et économiques écrasent, à coup de pelleteuse, des abris de fortune avec une population en survie qui se retranche dans des zones de non droits.
J’ai mené une performance sur les conditions et pratiques de la prostitution, à partir des écrits de Grisélidis Réal, “Le noir est une couleur”. Sujet délicat, d’une extrême violence dont nous sommes témoins, par la présence et l’activité de nos voisines que nous saluons chaque jour. Insoutenable miroir de l’exploitation sexuelle de ces femmes, dont les corps tremblent dans une abîme irréversible. Le nôtre est habité par une rage libertaire, transcendée par la puissance de la parole : Essentielle pour l’émancipation et le respect des femmes…
Performance / Extraits filmés par ©Delma
TEXTUS
Invitée en résidence au Tunnel à Caen, dans le quartier de la Grâce de Dieu, j’ai rencontré ses habitants et interrogé leur territoire, leur identité. Nous avons défini ensemble un mot ou une phrase dans leur langue maternelle que j’ai écrit sur une partie de leur corps puis photographié. J’ai présenté ces images sur papier collé et sur bâche, ainsi que des fragments de textes de nos échanges, dans l’espace public.
Écriture et photographies
Telle une conjugaison transversale associant les langages du corps, de l’objet et de l’écriture, « Affectation de voies » joue tant sur les règles de la langue que sur la forme, le sens et le son des mots, dans un mariage insolite avec les objets codés que sont les panneaux de signalisation routière. Ronds, flèches, panneaux de rue et panonceaux associent au brouillage sensible des mots leur propre code de formes et de couleurs pour délivrer un autre état du langage.